Fabulam. 2018.
Impressions numériques sur papiers découpés, luminaires. 274 X 376 cm.
Digital prints on cut papers, lights. 274 X 376 cm
Fabulam rassemble, autour de l’allégorie de la caverne de Platon, les propositions de dix artistes chargés de cours à l’École des arts visuels et médiatiques de l’UQAM.
Fabulam brings together, around the allegory of Plato’s cave, the proposals of ten artists who teach at the School of Visual and Media Arts at UQAM.
Maison de la culture Frontenac
Du 14 mars au 15 avril 2018.
From March 14 to April 15, 2018
Publication : Encart de dix pages dans la revue Vie des arts, no. 250.
Texte et commissariat : Dominique Sirois-Rouleau.
Publication: 10-page insert in the journal Vie des arts, no. 250.
Text and artistic direction: Dominique Sirois-Rouleau
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Une exposition présentant les œuvres de sept artistes qui explorent la lumière dans une perspective de déstabilisation sensorielle et cognitive.
An exhibition presenting the works of seven artists who explore light in a perspective of sensory and cognitive destabilization.
Galerie d’art Stewart Hall
Du 7 juillet au 25 août 2019
From July 7 to august 25 2019
Commisariat /Artistic direction : Émilie Granjon et Laurent Lamarche
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Sous les paupières En réponse à la proposition thématique qui nous guidait, la notion de l’illusion m’a servi de prémisse à cette réflexion conceptuelle et visuelle. Trois grandes lisières photographiques nous font face sur lesquelles sont représentées trois halos lumineux. Il semble au premier coup d’œil qu’il s’agirait d’objets issus du monde stellaire. Pourtant ces faisceaux proviennent d’un projecteur vidéo. L’appareil photo a capté la pulsation lumineuse pendant la projection d’une compilation des 100 scènes cultes du cinéma américain. Ces captations ont été faites à l’aveugle considérant le hasard comme un matériau intervenant et performant. Nous sommes alors confrontés non pas dans le sens habituel du dispositif, celui où se situer dans l’espace pour vivre la projection de l’image mais bien devant l’oculaire de celle-ci. Il y a ici un renversement de la position du spectateur. Serions-nous soudainement devenus acteurs? (…) Tels des iris renversés Pellerin retourne la caverne (…) L’univers fictif devient ainsi le théâtre du réel. [1] Conséquemment, les deux sources lumineuses – celle photographiée et l’autre dans l’espace réel- accusent toutes deux une fonction métaphorique répondant au paradigme du sensible / intelligible de l’allégorie platonicienne. Plus bas, découpée dans la chair du papier photographique, une phrase nous interpelle et donne le ton aux affinités fictives. Un jour, sur un quai, un homme de taille moyenne tenait à la main un sac très lourd.[2] Cet incipit du roman de Christian Oster nous propose une entrée en matière d’une interprétation véritablement ouverte : ce jour (intemporalité), le quai (espace faisant référence au départ, métaphore du voyage) cet homme (individu anonyme), le sac très lourd (le poids historique du mythe de la caverne de Platon), constitue une invitation afin de stimuler l’imaginaire et ainsi partir en récit. Jamais dans l’histoire de l’humanité, constate le philosophe Jean-Marie Schaeffer, l’individu n’aura consommé autant de fictions que de nos jours. Tels les hommes enchaînés dans la caverne et éblouis par les ombres projetées, notre attrait universel pour les fictions façonnent encore et toujours notre appréhension au réel. Origines instinctives, générationnelles, culturelles? Cet enthousiasme à nous laisser prendre au jeu de la feinte, constitue une source de connaissance de nature universelle incarnant sa propre réalité à travers le voile sécurisant des apparences. [1] Texte de Dominique Sirois-Rouleau, Sous les paupières, de la publication Fabulam.[2] Phrase découpée extraite de Christian Oster, Dans le train, Paris, Les éditions de Minuit, 2002. |
Sous les paupières
In response to the thematic proposal that guided us, the notion of illusion served as my premise for this conceptual and visual reflection. Three large photographic face us on which are represented three luminous halos. It seems at first glance that it would be objects from the stellar world. Yet these beams come from a video projector. The camera captured the pulsating light during the screening of a compilation of the 100 cult scenes of American cinema. These captures were made blind considering chance as an intervening and performing material. We are then confronted not in the usual sense of the device, the one where to be located in the space to live the projection of the image but in front of the eyepiece of this one. There is here a reversal of the position of the spectator. Would we suddenly become actors? (…) Consequently, the two light sources – the one photographed and the other in real space – both display a metaphorical function that responds to the paradigm of the sensible / intelligible of Platonic allegory. Further down, cut out of the flesh of the photographic paper, a sentence challenges us and sets the tone for fictional affinities. Un jour, sur un quai, un homme de taille moyenne tenait à la main un sac très lourd.[2] This incipit of Oster’s novel offers us an entry into a truly open interpretation: one day (timelessness), the quay (space referring to departure, metaphor of travel) a man (anonymous individual), the very heavy bag ( the historical weight of the myth of Plato’s cave), is an invitation to stimulate the imagination and thus go on narrative. Never in the history of humanity, says the philosopher Jean-Marie Schaeffer, the individual will have consumed as many fictions as today. Like men chained in the cavern and dazzled by projected shadows, our universal appeal for fiction still shapes our apprehension to reality. Instinctive, generational, cultural origins? This enthusiasm to let us take the game of feint, is a source of knowledge of universal nature embodying its own reality through the veil securing appearances. [2] Cutout sentence extracted from Christian Oster, In the train, Paris, Editions de Minuit, 2002. |